don du coeur
COMMENTAIRE DE SAINT CYPRIEN SUR LA PRIÈRE DU SEIGNEUR

“Notre Père qui êtes aux cieux”

« Que ton nom soit sanctifié »

Comme le Seigneur est plein de miséricorde ! Comme sa bienveillance et sa bonté envers nous sont généreuses ! Il a voulu que nous fassions notre prière en présence de Dieu, de telle sorte que nous donnions au Seigneur le nom de Père, et que nous nous désignions comme ses fils, de même que le Christ est Fils de Dieu. Aucun de nous n’aurait osé employer ce nom dans la prière si lui-même ne nous avait autorisés à prier ainsi.

Nous devons donc nous rappeler et savoir, frères bien-aimés, lorsque nous appelons Dieu notre Père, que nous devons nous conduire en fils de Dieu : et de même que nous nous complaisons à considérer Dieu comme notre Père, il doit pouvoir se complaire lui aussi en nous.

Vivons comme étant les temples de Dieu, pour qu’il soit évident que Dieu habite en nous. Nos actes ne doivent pas être indignes de l’Esprit : devenus maintenant des hommes spirituels et célestes, n’ayons de pensées et d’actions que spirituelles et célestes, car le Seigneur Dieu l’a dit lui-même : J’honorerai ceux qui m’honorent et ceux qui me méprisent seront méprisés . Et l’Apôtre Paul a déclaré dans sa lettre : Vous n’appartenez plus à vous-mêmes, car vous avez été achetés très cher. Honorez Dieu dans votre corps .

Ensuite nous disons : Que ton nom soit sanctifié . Ce n’est pas parce que nous souhaitons que Dieu soit sanctifié par nos prières, mais parce que nous demandons au Seigneur que son nom soit sanctifié en nous. D’ailleurs, par qui Dieu pourrait-il être sanctifié, puisque c’est lui qui sanctifie ? Il a dit lui-même : Soyez saints parce que je suis saint . Aussi demandons-nous instamment, puisque nous avons été sanctifiés au baptême, de persévérer dans ce que nous avons commencé d’être. Et nous prions pour cela chaque jour. Nous avons besoin d’une sanctification quotidienne : puisque nous péchons chaque jour, nous devons nous purifier par une sanctification spirituelle.

Cette sanctification qui nous est accordée par la bienveillance de Dieu, l’Apôtre la proclame lorsqu’il dit : Ni les impudiques, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les sodomites, ni les voleurs, ni les escrocs, ni les ivrognes, ni les dénonciateurs n’obtiendront le Royaume de Dieu. Et c’est bien ce que vous étiez. Mais vous avez été baptisés, vous avez été justifiés, vous avez été sanctifiés par le nom du Seigneur Jésus Christ et par l’Esprit de notre Dieu .

Il dit que nous avons été sanctifiés par le nom du Seigneur Jésus Christ et par l’Esprit de notre Dieu. Nous prions pour que cette sanctification demeure en nous. Parce que le Seigneur notre juge interdit, a celui qu’il a guéri et rendu à la vie, de pécher désormais de peur qu’il ne lui arrive quelque chose de pire , nous l’en prions par des oraisons continuelles : nous le supplions jour et nuit pour que notre sanctification et le don de la vie, que nous tenons de la grâce de Dieu, nous soient conservés par sa protection.

St Cyprien de Cartage

Saint Cyprien de Cartage

Il naquit vers 200 dans la ville de Carthage. Il était le fils d’un riche sénateur païen, et reçut une belle éducation séculière, devenant un fameux orateur, et un enseignant de rhétorique et de philosophie à l’école de Carthage. Il vint souvent dans les tribunaux pour défendre ses concitoyens. Sa fortune, reçue de ses parents et de son travail, fut dépensée en somptueux banquets, mais qui n’arrivèrent pas à étancher sa soif de vérité. Il en vint à découvrir les écrits de l’Apologiste Tertullien, et devint convaincu de la vérité du Christianisme. Le saint évêque écrira plus tard qu’il lui serait impossible d’atteindre la régénération promise par le Sauveur à cause de son vécu.
Il fut aidé par son ami et guide, le prêtre Cecilius, qui l’assura de la puissance de la grâce de Dieu. A l’âge de 46 ans, le studieux païen fut reçut dans la communauté Chrétienne comme catéchumène. Avant d’accepter le Baptême, il distribua sa propriété aux pauvres et emménagea dans la maison du prêtre Cecilius.

Quand saint Cyprien fut finalement baptisé, il rédigea le Traité à Donatus : “Quand les eaux de la régénération eurent nettoyé les impuretés de ma vie passée, la lumière jaillit d’en haut dans mon coeur.. et l’Esprit me transforma en homme nouveau par une seconde naissance. Alors d’un coup, d’une manière miraculeuse, la certitude remplaça le doute, les mystères furent révélés, et la ténèbre devint lumière.. Alors il fut possible de reconnaître que ce qui était né de la chair et avait vécut dans le péché était terrestre, mais que ce que l’Esprit Saint avait vivifié devenait de Dieu.. En Dieu et de Dieu vient toute notre force.. A travers Lui, pendant que nous vivons sur terre, nous voyons l’ébauche de la future béatitude”.

Deux ans après son Baptême, le saint fut ordonné à la prêtrise. Quand l’évêque Donat de Carthage mourut, saint Cyprien fut unanimement choisit comme évêque. Il donna son consentement, obéissant en cela à la demande de son guide, et fut consacré évêque de Carthage en 248.

Le saint se préoccupa d’abord des intérêts de l’Eglise et avec l’éradication des vices dans le clergé et chez les fidèles. La sainteté de vie de leur archi pasteur fut une invitation pour chacun à imiter sa piété, son humilité et sa sagesse. Les activités fructueuses de saint Cyprien furent connues hors des limites de son diocèse. Des évêques d’autres sièges se tournèrent régulièrement vers lui pour des conseils sur comment traiter différents problèmes.

Dans une vision, la persécution de l’empereur Dèce (249-251) lui fut à l’avance révélée, le forçant à se cacher. Sa vie était nécessaire à son troupeau pour renforcer la Foi et le courage au coeur des persécutions. Avant de quitter son diocèse, le saint distribua les fonds d’église parmi le clergé pour l’aide aux nécessiteux, et par la suite il envoya d’autres fonds.

Il garda une relation permanente avec les Chrétiens de Carthage à travers ses épîtres, et il écrivit des lettres aux prêtres, confesseurs et martyrs. Certains Chrétiens, brisés par les tortures, offrirent des sacrifices aux divinités païennes. Ces Chrétiens “lapsi” firent appel aux confesseurs (= Chrétiens ayant souffert les tortures sans plier), leur demandant de leur donner une lettre de réconciliation, c’est à dire un certificat les acceptant dans l’Eglise. Saint Cyprien écrivit une lettre encyclique à tous les Chrétiens Carthaginois, stipulant que ceux qui avaient chuté durant la persécution pourraient être réadmis dans l’Eglise, mais qu’auparavant il faudrait enquêter sur les circonstances dans lesquelles ils avaient chuté. Ceci était nécessaire pour déterminer la sincérité de la contrition du lapsi. Leur ré-acceptation n’était de plus possible qu’après pénitence, et avec autorisation de l’évêque. Certains des lapsis demandèrent avec insistance leur réadmission immédiate dans le sein de l’Eglise et causèrent des troubles dans toute la communauté. Saint Cyprien écrivit aux évêques des autres diocèses pour demander leur opinion, et de tous il reçut pleine approbation pour ses directives.

Durant son absence, le saint autorisa un collège de 4 prêtres à examiner la vie des personnes se préparant à l’ordination presbytérale et au diaconat. Ce qui provoqua la résistance du laïc Felicissimus et du prêtre Novatius, suscitant de l’indignation contre leur évêque. Saint Cyprien excommunia Felicissimus et 6 de ses suiveurs. Dans sa lettre aux fidèles, le saint conseilla fortement et de manière très touchante à ne pas se séparer de l’unité de l’Eglise, de rester obéissants aux recommandations et justes décisions de leur évêque et d’attendre son retour. Cette lettre fit que la majorité des Chrétiens Carthaginois demeurèrent fidèles à l’Eglise.

Peu de temps après, saint Cyprien put rejoindre son troupeau. L’insubordination de Felicissimus reçut son terme lors d’un Concile local en 251. Ce Concile décréta qu’il était possible de recevoir les Lapsis à nouveau au sein de l’Eglise après pénitence, et confirma l’excommunication de Felicissimus.

A cette époque, un nouveau schisme éclata, dirigé par le prêtre romain Novatien, rejoint par le prêtre Carthaginois Novatus, qui avait précédement suivit Felicissimus. Novatien affirma que ceux qui avait chuté durant les persécutions ne pouvaient pas être réadmis, même s’ils s’étaient repentis de leur péché. De plus, à l’époque du juste évêque de Rome Célérin, Novatien, aidé de Novatus, parvint à convaincre trois évêques d’Italie à placer un autre évêque sur le siège de l’évêque de Rome. Contre une telle iniquité, saint Cyprien régida une série de lettres encycliques aux évêques d’Afrique, et plus tard rédigea un livre sur líunité de líEglise.

Quand la discorde au sein de l’Eglise de Carthage commença à s’apaiser, une nouvelle calamité s’abattit : une peste éclata. Des centaines de gens fuirent hors de la ville, abandonnant les malades sans aide, et les morts sans sépulture. Saint Cyprien, démontrant sa fermeté et son courage, s’occupa des malades et enterra lui-même les morts, pas seulement les Chrétiens mais aussi les païens. La peste fut de plus accompagnée d’une sécheresse et d’une famine. Une horde de barbares Numides, profitant de cette catastrophe, se jetèrent sur les habitants, les emmenant en captivité. Saint Cyprien urgea nombre de riches Carthagineois à lui offrir les moyens de nourrir les affamés et racheter les captifs.

Quand éclata une nouvelle persécution contre les Chrétiens, sous l’empereur Valérien (253-259), le proconsul Carthaginois Paterne ordonna au saint d’offrir le sacrifice aux idoles. Il refusa fermement. Il aussi refusa de donner les noms et adresses des presbytres de l’Eglise de Carthage. Alors ils envoyèrent le saint à la ville de Curubis et le diacre Pontus suivit volontairement son évêque dans l’exil.

Le jour de son arrivée à son lieu d’exil, le saint fut gratifié d’une vision, lui annonçant une rapide fin en martyre. Pendant l’exil, saint Cyprien rédigea nombre de lettres et de livres. Désirant souffrir à Carthage, il y retourna. Amené devant la cours, il fut laissé en liberté jusqu’à l’année suivante. Presque tous les Chrétiens de Carthage vinrent prendre congé de leur évêque et recevoir sa bénédiction.

Lors du procès, saint Cyprien refusa calmement et fermement d’offrir le sacrifice aux idoles et fut condamné à la décapitation par l’épée. Entendant la sentence, saint Cyprien s’écria : “Grâce soit rendue à Dieu!”. Tout le peuple cria d’une voix : “laissez-nous aussi être décapités avec lui!”

Arrivant au lieu d’exécution, le saint donna sa bénédiction à tous et s’arrangea pour donner 25 pièces d’or au bourreau. Puis il tint un mouchoir devant ses yeux, et donna ses mains à lier au prêtre et à l’archidiacre se tenant près de lui et abaissa sa tête. Les Chrétiens plaçèrent des tissus et des draps en face de lui pour récolter le sang du martyr. Saint Cyprien fut exécuté en 258. Le corps du saint fut emporté de nuit et enseveli dans une crypte privée du procurateur Macrobius Candidianus.

Certains disent que ses reliques furent transférées en France à l’époque de Charlemagne (771-814).

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